jueves, 30 de enero de 2014

Le trench

Il fût le manteau des Barbus et des inspecteurs à lunettes fumées amateurs de cigares, il est aujourd’hui une pièce incontournable du vestiaire masculin. Retour en arrière.
A la fin des années 1870, Thomas Burberry, fondateur de la marque éponyme, est à la recherche d’un matériau confortable et résistant à la pluie et l’humidité. Lui-même sportif et encore jeune, il souffre de rhumatismes dont il a du mal à se débarrasser, ou du moins à se soulager. Plutôt que des vestes en caoutchouc, à l’époque seule matière réellement imperméabilisante mais favorisant la transpiration et formellement déconseillée par son docteur, il cherche quelque chose de plus léger et de plus respirant sans pour autant faire une croix sur l’aptitude à braver les intempéries du comté de Surrey. Également apprenti drapier, ses études et expérimentations donnent naissance à la gabardine – un tissu de coton très serré – suite à la rencontre avec un berger de sa région dont la veste imperméable était traitée par un produit spécifique lors du baignage des moutons. Quelques tests plus tard et après avoir trouvé le bon dosage, il dépose donc le brevet en 1888 et jouit de son exclusivité jusqu’en 1917.
Le trench-coat prend réellement ses racines pendant la Première Guerre MondialeThomas Burberry réalise alors un manteau pour les besoins des officiers de l’armée anglaise présentant l’avantage d’être façonné dans cette fameuse gabardine, beaucoup plus légère et confortable à porter que les manteaux militaires réalisés en mackintosh étanchéifiés avec du caoutchouc. Il reprend le design des anciens manteaux d’officiers britanniques qu’il avait lui-même dessiné 13 ans auparavant pour le War Office(ministère chargé de l’administration de l’armée de terre britannique jusqu’en 1964) et la Seconde Guerre des Boers, et y rajoute des épaulettes. Autour de la taille, la ceinture avec l’attache en forme de D servait à accrocher du matériel militaire comme les grenades ou les gourdes. La praticité avant l’esthétisme. La Première Guerre Mondiale a été marquée par sa guerre des tranchées, où la paralysie des troupes se transformait en un vrai calvaire pour les soldats. Le terme « trench-coat » signifiant ni plus ni moins « veste de tranchée ». Ce manteau permettait de se protéger essentiellement du vent et de la pluie et plus généralement toutes formes d’intempéries même pendant les longues heures d’attente. Il est ensuite rapidement adopté par les soldats américains, allemands et soviétiques.
Une fois la guerre terminée, Thomas Burberry est déclaré habilleur officiel de la Cour du Roi George V et les militaires maintiennent le port du trench dans la vie de tous les jours poussant ainsi le manteau dans les foyers. Associé à une certaine forme d’élégance, le trench garde de sa vie militaire ce goût pour l’excellence.
Il est généralement composé de 26 pièces de gabardine de tailles différentes, une ceinture à passants, dix boutons croisés, des bandes de tissu à l’intérieur de la doublure pour mieux coller aux jambes et au corps, des manches de type raglan (remontant jusqu’à l’encolure) avec des pattes de serrage aux poignets pour ne pas laisser passer le vent et la pluie, des épaules doublées pour amortir l’impact du recul du fusil, des pattes d’épaulettes pour y fixer des galons, des gants de cuir et autres, et un col plié qui peut se remonter pour protéger le visage.
Comme bon nombre de pièces, c’est à travers les productions hollywoodiennes que le trench-coat explose aux yeux de tous.Humphrey Bogart dans Casablanca en 1942, Gene Kelly ou Jean-Paul Belmondo et Alain Delon ou encore les actrices superstars telles Greta GarboMarlene DietrichLauren Bacall ou Audrey Hepburn dans Diamants sur Canapé s’emparent de ce nouveau manteau et le portent en haut de l’affiche jusque dans les années 60. Puis c’est au tour d’Yves Saint-Laurent de marquer l’histoire du trench au fer rouge en introduisant les premières créations couture, symbole du chic de sa collection rive gauche, faisant opposition aux divers mouvements sociaux.
Le trench évolue au fil des années et perd un peu de son aura après avoir été associés à des mouvements comme les punks à la fin des années 70 ou les gothiques et le mouvement « indus » dans les années 80/90.
Aujourd’hui, le trench est sans cesse repris, ré-imaginé, réinterprété en suivant l’inspiration des créateurs. Un mythe essentiel qui se réinvente saison après saison.
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